Bilingue et le syndrome de Prader-Willi c’est compatible

J’ai eu la chance de participer ce printemps aux vacances VTF de l’association Prader-Willi France. J’y ai fait une observation « statistique » intéressante : nous étions 7 familles dont 4 bilingues (français avec du polonais, du portugais, du laotien et de l’allemand). Il y avait aussi deux enfants avec des difficultés pour s’exprimer par la parole. Mais contrairement à ce que de vieux préjugés pourraient faire croire, ce n’étaient pas ceux élevés avec deux langues. Préjugés car depuis toujours, des orthophonistes, grand-mères et autres bonnes âmes nous mettent en garde contre le bilinguisme précoce, c’est à dire parler deux langues à un enfant dès sa naissance.

« C’est trop compliqué pour un enfant! Il va avoir un retard de langage! Il va tout mélanger! Il faut d’abord apprendre une langue correctement et ensuite seulement une deuxième…. »

Et depuis toujours, la réalité et l’expérience prouve le contraire : les enfants deviennent bilingues tout naturellement.

Ils mettent peut-être un peu plus de temps à commencer à parler, mais se mettent à parler d’un coup dans les deux langues. C’est aussi valable pour nos petits Prader-Willi. Ils ont certes des difficultés qui sont les leurs, mais cela ne les empêchent pas de comprendre et de parler une deuxième langue aussi bien ou aussi mal que la première […..] Ils ne deviennent pas plus éloquents mais ils ne le deviennent pas moins non plus. Les difficultés ne peuvent pas se gommer, mais elles ne sont pas non plus accentuées.

Et comment feront-ils pour parler aux grands-mères, aux tantes et oncles, aux cousins dans l’autre pays?

Donc, parents bilingues, familles mixtes, ne vous laisser pas faire peur! Osez faire ce cadeau magnifique à vos enfants, le cadeau d’avoir deux langues maternelles et de vivre deux univers!

Pour vous renseigner, vous encourager et vous documenter, il existe le « Café bilingue » dans la région parisienne seulement pour l’instant. Association fondée par Barbara Abdelilah-Bauer avec des publications instructives :

  • Guide à l’usage des parents d’enfants bilingues
  • Le défi des enfants bilingues
  • Grandir et vivre en parlant plusieurs langues

Dans le Café Bilingue, il y a deux sections :

  • du LaLa (d’une langue à l’autre)
  • des ateliers bilingues ou plurilingues

Témoignage personnel : mon fils Emil a été bilingue depuis sa naissance et a commencé à parler les deux langues au même moment, avec les mêmes difficultés dues au syndrome. Il lit l’allemand depuis l’âge de 11 ans (au même age que son grand frère d’ailleurs), et apprend actuellement à l’écrire au collège (1ere année ULIS classe d’inclusion allemand).

Pour revenir au séjour vacances VTF c’était génial! un endroit idéal pour faire des promenades magnifiques (Emil a perdu quelques kilos à force de faire de randonner), un cadre très sympathique pour échanger avec les autres familles. Du repos, de la détente, de la compréhension et de la bonne humeur, merci l’équipe de PWF!

Dagmar Kiderlen

Vivre avec une maladie rare en France. Actualisation

Le livret (48 p.) édité par Orphanet sur la vie avec une maladie rare en France. Aides et prestations pour les personnes atteintes de maladies rares et leurs proches (aidants familiaux, proches aidants) a été mis à jour.

Il traite de l’assurance maladie, de la PCH, la scolarisation, l’insertion professionnelle, l’information (les sites internet pertinents), la législation… Il peut vous être très utile. Il est mis à jour en fonction des évolutions réglementaires (et le lien ne change pas!).

Pour y avoir accès : http://www.orpha.net/orphacom/cahiers/docs/FR/Vivre_avec_une_maladie_rare_en_France.pdf

Le diagnostic

Je suis la maman de Sarah, elle a 5 ans. Comme vous, je me souviens très bien de ce jour, ce jour où il nous a été annoncé que notre fille était atteinte du syndrome de Prader-Willi.

Sarah devait avoir tout juste 1 mois, elle était hospitalisée en néonatologie, j’avais déjà bien compris qu’elle avait quelque chose.

J’avais entendu et plus ou moins compris des mots médicaux barbares : myopathie, syndrome, spina bifida, problème métabolique ; ce jour-là le Docteur J. est passé dans notre box en milieu de matinée en me disant avec le sourire que ce n’était pas une myopathie de Steinert, puis un peu plus tard, beaucoup moins souriant, il m’a demandé si mon mari pouvait venir dans la journée car il devait nous parler. J’ai tout de suite compris qu’ils avaient trouvé de quoi elle ‘‘souffrait’’.

Nous avons été installés confortablement dans une salle d’examen, à l’abri des regards des curieux, il y avait une puéricultrice, une aide-soignante, le Docteur J., Sarah et nous ses parents ; avec des mots tout simples et beaucoup de douceur, il nous a décrit le syndrome dans les grandes lignes : l’hypotonie à la naissance, l’hyperphagie et les troubles d’apprentissage.

Il a insisté pour que nous ne nous précipitions pas sur Internet ; selon lui la description du syndrome de Prader-Willi que nous y trouverions serait la description des troubles d’adultes qui n’avaient pas bénéficié d’un diagnostic précoce ni d’une prise en charge précoce ; cette description ne reflétait pas l’avenir de notre fille et allait nous faire peur. Il nous a conseillé de nous rapprocher de l’association Prader-Willi France.

Il nous a dit que nous avions une chance car les pouvoirs publics commençaient à prendre le problème de l’obésité infantile au sérieux, et que cela serait un atout important pour nous ; que les recherches médicales avançaient de plus en plus vite.

Il nous a donné de l’ESPOIR.

Sarah devra suivre un régime alimentaire particulier et nous devrons l’aider à manger équilibré. Et alors ? Cela ne fera de mal à personne !

Sarah devra être stimulée au niveau moteur. Et alors ? Nous allons lui faire faire du sport !

Sarah n’aura peut-être pas les capacités à faire de grandes études. Et alors ? Nous n’avons pas fait nous-mêmes de grandes études, cela ne nous empêche pas d’avoir de bons jobs.

J’avais personnellement retenu une chose importante pour moi, elle allait vivre, et nous allions tout mettre en oeuvre pour qu’elle soit la plus heureuse possible. Nous connaissions maintenant le nom de notre ennemi. Bien sûr, j’ai pleuré, pleuré de tristesse, ma petite fille adorée, mon coeur, ne pourra jamais guérir. J’ai pleuré de colère : pourquoi moi ? Pourquoi çà ?

J’ai écouté le Docteur J., j’ai attendu quelques semaines avant de faire des recherches sur Internet, j’ai vite trouvé le site de l’association Prader-Willi France. J’ai beaucoup apprécié la page dédiée aux nouveaux parents :

‘‘Vous venez d’apprendre la maladie de votre enfant et comme de nombreux parents, vous êtes arrivés sur notre site’’.

Je me suis sentie moins seule. J’ai pu assez vite rentrer en contact via un forum (aujourd’hui via Facebook) avec d’autres parents, et m’armer de conseils, d’expériences, de vécu pour avancer à mon tour avec le syndrome de Prader-Willi.

Je suis convaincue que la façon dont le docteur J. nous a annoncé ce syndrome, SANS DRAMATISER, nous a aidés à rester positifs.

Je voudrais dire aux parents à qui l’annonce du diagnostic a été faite avec plus ou moins de tact que oui la vie ne sera pas toujours facile avec leur enfant. Il faut rester optimiste et garder l’espoir grâce à une prise en charge précoce, avec les traitements hormonaux et pourquoi pas un futur traitement contre l’hyperphagie. Je suis convaincue que l’avenir de nos enfants sera différent de la description du syndrome que nous pouvons trouver aujourd’hui sur Internet.

Je voudrais aussi leur dire de ne pas rester seuls, j’ai appris bien plus de choses sur la vie au quotidien avec le syndrome de Prader-Willi par l’association et par mes contacts Internet que par les médecins (pourtant très compétents) qui suivent Sarah.

Cécile, maman de Sarah, 5 ans

Témoignage publié dans le bulletin de l’association n° 50, Octobre 2012